La réversibilité des symboles : cf. www.tempoedialectique.blogspot.com
=> Zeus et Hera
Les Suppliantes : une tragédie du poète grec Eschyle, probablement écrite entre le désastre infligé par Cléomène à Argos en 493 avant JC et la victoire de Marathon en 490.
Dans la mythologie grecque, les Danaïdes sont les 50 filles du roi Danaos. Elles accompagnent leur père Argos quand il fuit ses neveux, les 50 fils de son frère Agyptos. Elles sont condamnées aux Enfers à remplir sans fin un tonneau sans fond parce qu'elles ont tué ces derniers le soir de leurs noces.
L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »
Les Suppliantes, tragédie grecque d'après Eschyle
Texte français, adaptation et mise en scène d'Olivier Py, Directeur de L'Odéon-Théâtre de l'Europe
Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »
jeudi 6 avril à 12 heures, Théâtre de l'EABJM : 2des et 1ères (durée : une petite heure)
D'Eschyle, Olivier Py a mis en scène l'Orestie, en 2008, Les Sept contre Thèbes, en 2009 et en 2010, Les Suppliantes
Olivier Py a souhaité projeter l’Odéon «hors les murs», à la rencontre de ceux et celles qui deviendront peut-être publics des théâtres. Au cours de la saison passée, deux comédiens ont donc sillonné l’Île-de-France pour interpréter dans les lycées, les centres sociaux, les comités d’entreprise, une version brève et intense des Sept contre Thèbes d’Eschyle.
Cette première expérience s’est avérée si forte qu’Olivier Py souhaite poser dès 2010, toujours avec Eschyle, un nouveau jalon de ce «théâtre d’intervention», en donnant des Suppliantes une version concentrée, d’une heure environ, pour trois comédiens. La tragédie des Suppliantes est une forme théâtrale d’une telle simplicité qu’elle a longtemps passé pour l’oeuvre la plus ancienne que nous ayons conservée du premier des grands Tragiques.
L’intrigue est d’un dépouillement tel qu’elle en devient presque archétypique. Un choeur de femmes, fuyant des noces auxquelles on veut les contraindre, vient demander asile et protection en terre d’Argos ; le roi du pays, après avoir hésité entre deux droits et deux intérêts – ceux de son peuple, ceux des suppliantes –, décide de leur accorder son soutien et se prépare à une guerre dès lors inévitable. La situation, sans autre ressort dramatique que les affres des malheureuses, suffit à évoquer des questions aussi essentielles que la violence faite aux femmes, l’exil et le malheur des réfugiés, l’accueil de l’étranger et l’hospitalité comme devoir.
L'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir : « la mesure en héritage »
Une tragédie contemporaine : Daniel Loayza
Daniel LOAYZA est normalien et agrégé de Lettres, conseiller dramaturgique de l'Odéon. Il a notamment traduit l'Orestie d'Eschyle, pour la collection Garnier-Flammarion.
Le théâtre ici assume la simplicité grave des statues. Un groupe de femmes entre en scène pour ne plus en sortir. Elles viennes d'au-delà des mers. Elles fuient la terre où elles sont nées, car leurs cousins, qui les poursuivent, veulent les épouser de force. Sous la conduite de leur père, les voici donc sur le sol grec pour demander asile au roi d'Argos. Consentir à cette demande, c'est risquer une guerre ; la repousser, c'est outrager le droit divin des faibles et des suppliants. Et d'ailleurs, que vaudrait ici une décision royale dont le peuple ne se porterait pas garant ? Démocratie et droit des gens, respect des femmes et de l'étranger, violence, justice, hospitalité -- de toutes les pièces d'Eschyle, aucune ne trace en si peu de gestes une intrigue d'apparence aussi claire, où tant de fils tendus se nouent et vibrent encore. Les ressources d'art convoquées par Eschyle sont elles aussi d'une sobriété presque hiératique. Le choeur des Danaïdes constitue le véritable protagoniste. Leurs angoisses, leurs épreuves, leurs supplications suffisent au mouvement dramatique. Le décor n'est pas moins dépouillé. Les Suppliantes est une tragédie sans autre espace scénique que l'orchestra, l'aire circulaire où le choeur déployait ses danses. [...]
Du désordre qui règne encore, les filles de Danaos, sont d'abord les victimes, elles à qui les fils d'Egyptos veulent s'imposer par la violence. Dès la deuxième pièce (perdue) de la trilogie, il s'avérait que les Danaïdes prolongeaient ce désordre à leur tour, en faisant couler le sang de leurs cousins -- mais ceci est une autre histoire. Comment s'achevait-elle selon Eschyle ? Zeus, recours de l'étranger, est aussi protecteur avec son épouse Héra des liens du mariage. Dans la troisième et dernière tragédie, les meurtrières étaient donc condamnées à subir le joug nuptial, et le temps qui s'inaugure alors, temps de l'union et du consentement à la loi commune des mortels, ouvre désormais la voie au nôtre : l'ère de l'excès se referme, et le mythe, en prenant congé, nous laisse la mesure en héritage.
Auguste Rodin, La Danaïde, sculpture en marbre (1890)
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La quête ou l'odyssée du héros : du mythe à l'histoire
de L'Iliade e de L'Odyssée aux romans de chevalerie,
de l'épopée et du conte à la chanson de geste, au roman et à l'apologue
(une enquête sur la place du sujet dans l'histoire des représentations )
L'aventure du héros, son "odyssée" ou sa quête : au nom de quelles valeurs ?
Lectures : de l'épopée au roman (5ème 1)
Les Aventures de Télémaque, Fénelon
Lancelot ou le chevalier à la charrette, Chrétien de Troyes
Yvain ou le chevalier au lion, Chrétien de Troyes
Tristan et Yseut (folio junior)
Le roman de Renart
Notre-Dame de Paris, Victor Hugo
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A l'origine était le mythe...
Orphée ramenant Eurydice, Corot (1861)
Le mythe : récit légendaire des origines qui exprime les valeurs d'une société. Amplifié par l'imaginaire collectif, il s'inspire de légendes portées par une tradition orale.
[bas latin mythus ; grec muthos : récit, fable]
"Un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante"
Denis de Rougemont
www.tempoepoésie - tempoethéâtre - tempoeroman - tempoedialectique
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De l'épopée au roman :
Fénelon, au XVIIème siècle, dans Les Aventures de Télémaque, raconte l'"odyssée" du fils d'Ulysse à la recherche de son père.
LE QUIETISME : doctrine du "pur amour" (l'âme imprégnée passivement de Dieu, en repos parfait devant lui, ne saurait pécher, même si l'homme semble enfreindre les commandements.
De l'épopée au roman (p. 124) : tempoeroman.blogspot.com
Le genre épique se retrouve dans de nombreuses civilisations.
Issue des légendes grecques d'abord transmises oralement par des aèdes (poètes chanteurs), l'épopée est la première forme du récit. La tragédie succède à l'épopée (p. 113) mais est antérieure à la comédie.
De l'épopée à la tragédie : tempoetheatre.blogspot.com
L'épopée est l'ancêtre du roman et de la tragédie : tempoepoesie-mythe
La guerre de Troie inspira L'Iliade d'Homère, puis Les Troyennes, tragédie d'Euripide.
Les tragédies d'Eschyle
Rédigée en vers l'épopée propose : un récit fondateur de civilisation, la Grèce avec L'Iliade et L'Odyssée d'Homère (VIII7me avant JC) ou Rome avec L'Enéide de Virgile (Ier siècle avant JC) ; des héros opposés aux forces de la nature ou des dieux implacables ( la tempête menaçant le radeau d'Ulysse) qu'ils affrontent vaillamment, un récit initiatique : chaque étape du récit est une épreuve, une leçon valorisant le héros, comme Enée triomphant de son ennemi Turnus.
Le roman de formation (ou d'apprentissage) : un parcours initiatique.
Comme dans le roman médiéval, le héros du roman de formation passe très rapidement du connu à l'inconnu, ce qui le déstabilise et l'invite à s'interroger ( (sujets n° 15, 17, 18, 21, 23).
* le chevalier du roman médiéval quitte le château, lieu de la familiarité, pour pénétrer dans la forêt qui représente l'univers de "la merveille".
Dans le roman balzacien, Rastignac quitte aussi la protection du château familial. Il se transforme au cours du récit à rebondissements. Mais, l'orientation de sa quête se situe aux antipodes de la quête courtoise : l'errance, l'abandon à l'aventure telle qu'elle advient ne finit pas par modifier en profondeur sa relation aux autres personnages, son rapport au monde, bien au contraire. Le personnage, perd très vite ses illusions et son innocence, pour ne plus penser qu'à sa réussite sociale. Ce n'est pas pour défendre et protéger "sa dame", mériter son amour, qu'il entre dans la "jungle sociale" de "La Comédie humaine". Sa seule ambition est de conquérir la capitale (l'argent et le pouvoir) et il se servira de Madame de Nucingen comme d'une "enseigne", suivant les conseils de Madame de Beauséant, son initiatrice.
Le point de vue omniscient :
dans le roman médiéval, l'ironie marque souvent une distance amusée du narrateur vis à vis de ses personnages , d'où des pointes d'humour qui jalonnent le texte. Le narrateur se met parfois brusquement sur le devant de la scène. Son discours peut se faire moralisateur.
Dans le roman balzacien, le narrateur, présence diffuse, (dieu ou démiurge ?) est présent partout et nulle part (entre focalisation externe/interne et focalisation zéro). Au départ, le regard semble objectif (points de vues externes et internes distincts), puis le narrateur se confond avec l'auteur dans une vue d'ensemble de l'espace et du temps de l'action romanesque, excédant de beaucoup celle qu'en ont les divers personnages. Balzac, romancier « omniscient », dirige le lecteur et impose « sa vision ».
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Poésie, grâce et inspiration
"Eucharis me dit que c'était le printemps"
Rimbaud, Illuminations
Eucharis, Lord Leighton, 1863
Fénelon, Les Aventures de Télémaque
"Petit Poucet rêveur", Arthur Rimbaud, "Ma Bohême"
Civilisation latine :
La nymphe Egérie aurait, selon la légende, inspiré le roi-prêtre sabin Numa Pompilius.
"Petit Poucet rêveur", Arthur Rimbaud, "Ma Bohême"
RACONTER – Les séquences du récit bref
Séquence : magie de la lecture
Registres : le fantastique et le merveilleux
LA FABLE - LE CONTE - LA NOUVELLE
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Exercices de révision (5ème 1) : l'analyse logique (révisions de 6ème)
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RACONTER – Les séquences du récit bref
Les Vieux, Alphonse Daudet
Le diable soit de l'amitié ! Justement ce matin-là il faisait un temps admirable, mais qui ne valait rien pour courir les routes : trop de mistral et trop de soleil, une vraie journée de Provence. Quand cette maudite lettre arriva, j'avais déjà choisi mon cagnard entre deux roches, et je rêvais de rester là tout le jour, comme un lézard, à boire de la lumière, en écoutant chanter les pins... Enfin, que voulez-vous faire ? Je fermai le moulin en maugréant, je mis la clef sous la chatière. Mon bâton, ma pie, et me voilà parti.
J'arrivai à Eyguières vers deux heures. Le village était désert, tout le monde aux champs. Dans les ormes du cours, blancs de poussière, les cigales chantaient [...]. Il y avait bien sur la place de la mairie un âne qui prenait le soleil, un vol de pigeons sur la fontaine de l'église; mais personne pour m'indiquer l'orphelinat. Par bonheur une vieille fée m'apparut tout à coup, accroupie et filant dans l'encoignure de sa porte; je lui dis ce que je cherchais; et comme cette fée était très puissante, elle n'eut qu'à lever sa quenouille : aussitôt le couvent des Orphelines se dressa devant moi comme par magie... C'était une grande maison maussade et noire, toute fière de montrer au-dessus de son portail en ogive une vieille croix de grès rouge avec un peu de latin autour. A côté de cette maison, j'en aperçus une autre plus petite. Des volets gris, le jardin derrière... Je la reconnus tout de suite, et j'entrai sans frapper.
Je reverrai toute ma vie ce long corridor frais et calme, la muraille peinte en rose, le jardinet qui tremblait au fond à travers un store de couleur claire, et sur tous les panneaux des fleurs et des violons fanés. [...]
Dans le calme et le demi-jour d'une petite chambre, un bon vieux à pommettes roses, ridé jusqu'au bout des doigts, dormait au fond d'un fauteuil, la bouche ouverte, les mains sur ses genoux.
[...]
-- Bonjour, braves gens ! Je suis l'ami de Maurice.
Oh ! Alors, si vous l'aviez vu, le pauvre vieux, si vous l'aviez vu venir vers moi les bras tendus, m'embrasser, me serrer les mains, courir égaré dans la chambre, en faisant :
-- Mon Dieu ! Mon Dieu!...
Toutes les rides de son visage riaient. Il était rouge. Il bégayait :
-- Ah! Monsieur... ah! Monsieur...
Puis il allait vers le fond en appelant :
-- Mamette !
Une porte qui s'ouvre, un trot de souris dans le couloir... C'était Mamette. Rien de joli comme cette petite vieille avec son bonnet à coque, sa robe carmélite, et son mouchoir brodé qu'elle tenait à la main pour me faire honneur, à l'ancienne mode...
[...]
-- C'est l'ami de Maurice...
Aussitôt la voilà qui tremble, qui pleure, perd son mouchoir, qui devient rouge, toute rouge, encore plus rouge que lui... [...]
Tout à coup le vieux se dresse sur son fauteuil :
-- Mais j'y pense, Mamette..., il n'a peut-être pas déjeuné !
Et Mamette, effarée, les bras au ciel :
-- Pas déjeuné!... Grand Dieu !
[...]
Je la mangeai toute, en effet, et presque sans m'en apercevoir, occupé que j'étais à regarder autour de moi dans cette chambre claire et paisible où flottait comme une odeur de choses anciennes...Il y avait surtout deux petits lits dont je ne pouvais pas détacher mes yeux.
[...] Pendant ce temps, un drame terrible se passait à l'autre bout de la chambre, devant l'armoire. Il s'agissait d'atteindre là-haut, sur le dernier rayon, certain bocal de cerises à l'eau-de-vie qui attendait Maurice depuis dix ans et dont on voulait me faire l'ouverture.
[...]
-- Vous êtes bien heureux, vous, de pouvoir en manger!... C'est ma femme qui les a faites, mais elle avait oublié de les sucrer. Que voulez-vous, on devient distrait en vieillissant. Elles étaient atroces, vos cerises, ma pauvre Mamette... Mais cela ne m'empêcha pas de les manger jusqu'au bout, sans sourciller.
Le repas terminé, je me levai pour prendre congé de mes hôtes.
[...]
La nuit tombait, quand nous sortîmes, le grand-père et moi.
[...]
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RACONTER : de la lecture à l'écriture
Texte 1 : Les Vieux, Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet
J'arrivai à Eyguières vers deux heures. Le village était désert, tout le monde aux champs. Dans les ormes du cours, blancs de poussière, les cigales chantaient [...]. Il y avait bien sur la place de la mairie un âne qui prenait le soleil, un vol de pigeons sur la fontaine de l'église; mais personne pour m'indiquer l'orphelinat. Par bonheur une vieille fée m'apparut tout à coup, accroupie et filant dans l'encoignure de sa porte; je lui dis ce que je cherchais; et comme cette fée était très puissante, elle n'eut qu'à lever sa quenouille : aussitôt le couvent des Orphelines se dressa devant moi comme par magie... C'était une grande maison maussade et noire, toute fière de montrer au-dessus de son portail en ogive une vieille croix de grès rouge avec un peu de latin autour. A côté de cette maison, j'en aperçus une autre plus petite. Des volets gris, le jardin derrière... Je la reconnus tout de suite, et j'entrai sans frapper.
Je reverrai toute ma vie ce long corridor frais et calme, la muraille peinte en rose, le jardinet qui tremblait au fond à travers un store de couleur claire, et sur tous les panneaux des fleurs et des violons fanés.
Texte 2 : extrait de Jacques Vingtras, Jules Vallès
Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain…
La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?
Texte 3 - « Le Buffet », Arthur Rimbaud
C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;
C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Rédaction : vous donnerez une suite au texte 1 à partir de "Je reverrai toute ma vie"...
Rédaction : donnez un titre au texte 2 avant de raconter, à votre tour une aventure de lecture...
Rédaction : vous imaginerez une des histoires que le buffet pourrait raconter.
Ces textes ont-ils un point commun ? Si oui, lequel ?
Exercice de rédaction complémentaire :
Sur le modèle d’Arthur Rimbaud, vous décrirez (en prose ou en vers) un objet qui semble, lui aussi, avoir beaucoup à raconter…
* Le poème sera rédigé en prose ou en vers.
RACONTER : le récit de voyage
Regards vers des mondes nouveaux
Séquence 9 – Explorer l'art des récits de voyage.
LA DESCRIPTION – l'expansion du groupe nominal
Le voyage à l'intérieur d'un livre : « Magie de la lecture », Jules Vallès, extrait de Jacques Vingtras
Expression écrite : description des sensations du lecteur et du passage d'un univers à un autre, de la rencontre entre les deux (avec, par exemple, la paronomase : "la cale de l'étude"), puis de l'identification progressive du narrateur à l'univers de son livre (par exemple, le futur indique que le narrateur est sur l'île de Robinson : "je me demande où je ferai pousser du pain").
Le registre fantastique :
"Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de ce même monde familier. […] Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu'on choisit l'une ou l'autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel." Tzetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique.
Bibliographie : le voyage ("odyssée")
Le Livre des merveilles, Marco Polo (extraits : corpus de textes pp. 196-205)
Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier (lecture intégrale : l'incipit – la fiche de lecture)
Le Tour du monde en 80 jours, Jules Verne (lecture intégrale)
Marco Polo et Christophe Colomb :
Près de trois siècles s'écoulent entre le voyage de Marco Polo en Orient (XIIIème siècle) et ceux de Christophe Colomb (1492) et des conquérants des XVème et XVIème siècles vers le Nouveau Monde.
En trois siècles, les perspectives, et surtout les conditions de ces voyages, n'ont rien à voir : Marco Polo est un marchand, qui voyage à titre privé pour ses affaires, puis qui devient l'ambassadeur de l'empereur de Chine. Son regard est empreint de curiosité, mêlée alternativement de naïveté, de doutes, d'admiration ; pas de trace pour le mépris, la peur dans tout ce qu'il relate. Rien de tel pour Christophe Colomb et ses successeurs : leurs voyages visent à conquérir des terres au nom des rois qui les missionnent, à rapporter de l'or et à christianiser les peuples conquis.Certes, leurs écrits font état de leur surprise devant ce qu'ils voient mais ils témoignent surtout de leur sentiment de supériorité face aux peuplades qu'ils rencontrent.
Deux situations de communication, deux visées narratives différentes :
Marco Polo écrit après son retour pour témoigner.
Christophe Colomb et Cortès écrivent au fil des jours, pour rendre des comptes à leurs souverains, pour justifier leurs actes.
J. de Léry (XVIème siècle) assure une sorte de transition avec la pensée éclairée du XVIIème siècle; c'est un humaniste de la Renaissance et sa situation de protestant persécuté lui donne un sens de la tolérance, du respect de l'autre dans sa différence. Comme son récit a été écrit plusieurs années après son retour, il lui est plus aisé de faire preuve de distanciation critique.
Eden ou Eldorado ?
Marco Polo, comme les hommes de son temps, croyait à l'Eden perdu, situé en Orient selon la lettre du prêtre Jean, apocryphe qui a eu un énorme retentissement au Moyen Age. D'ailleurs, dans don récit, il ne remet pas en question ce royaume. Christophe Colomb a cru repartir sur les traces de Marco Polo et a cherché en vain à reconnaître ce que son illustre prédécesseur avait écrit. Le mythe de l'Eldorado a ensuite porté des générations de conquistadors, persuadés de trouver l'or mythique.
Bilan : la différence (la diversité, la différence des points de vie); L'Eden ou l'Eldorado (le mythe du paradis perdu).
Prolongements :
La Genèse, La Bible
L'Odyssée, Homère (6ème)
L'Eldorado, Candide, Voltaire (XVIIIème siècle)
"Comment peut-on être Persan ?", Montesquieu, Lettres persanes (XVIIIème siècle)
Lectures : contes et nouvelles
Candide, Voltaire
Nouvelles orientales, Marguerite Yourcenar
Lectures : romans
Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Jules Verne
Les Aventures de Télémaque, Fénelon
Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier
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5ème 1 - A vous de jouer :
Et si vous racontiez un de vos voyages sous forme d'apologue...
"En toute chose il faut considérer la fin"...
Et pourquoi pas : du texte à l'écran ?
A suivre...
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Le récit de voyage en 2de 4 : exercices d'entraînement à l'écriture
LE LYRISME ROMANTIQUE de CHATEAUBRIAND:vous raconterez, à la manière de Chateaubriand, un de vos voyages (réels ou imaginaires)
Comment la composition de cette phrase traduit-elle la rêverie ?
Analysez le rythme de la phrase : en quoi contribue-t-elle au registre du teexte ?
Il serait trop long de raconter les beaux voyages que je faisais avec ma fleur d'amour : comment main en main nous visitions les ruines célèbres, Venise, Rome, Athènes, Jérusalem, Memphis, Carthage ; comment nous franchissions les mers ; comment nous demandions le bonheur aux palmiers d'Otahiti, aux bosquets embaumés d'Amboine et de Tiddor ; comment, au sommet de l'Himalya nous allions réveiller l'aurore ; comment nous descendions les fleuves saints dont les vagues épandues entourent les pagodes aux boules d'or ; comment nous dormions aux rives du Gange, tandis que le bengali, perché sur le mât d'une nacelle de bambou, chantait sa barcarolle indienne.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 3, 12, 1850 (posthumes)
Promenades littéraires dans Rome :
de l’Humanisme au Baroque et au Romantisme
Initiation aux EAF en 2de : la question sur le corpus et le devoir d’invention
CONVAINCRE, PERSUADER – L’éloge et le blâme
Textes :
A – Joachim du Bellay, « Nouveau venu qui cherches Rome en Rome », Les Antiquités de Rome, 1558
B – Corneille, « Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! », Corneille, Horace, IV, 6, 1640
C – Chateaubriand, Lettre sur la campagne romaine, 1804
D – Mme de Staël, Corinne ou l’Italie, 1807
E – Stendhal, « Le Colisée », Promenades dans Rome, 1829
Écriture
Vous répondrez d'abord à la question suivante (4 points) :
Comment ces écrivains évoquent-ils Rome ? S’expriment-ils tous sous la forme de l’éloge ou du blâme ?
Devoir d’invention (16 points) :
Vous êtes sur le point de partir pour Rome. Vous décidez d’écrire vos impressions de voyage dans votre « Journal »…
Conseils pour enrichir la problématique :
Vous pourrez vous demander si la découverte de Rome et des vestiges de l’Antiquité gréco-latine est un passage obligé pour « faire ses humanités » en observant la façon dont les « Humanistes» et les « Baroques », les « Classiques » et les « Romantiques » ont revendiqué, chacun à leur façon, l’héritage antique…
* Consulter les définitions du « Classicisme » et du « Romantisme » proposées dans Illusions perdues de Balzac, II (p. 24)
Consignes formelles :
Pensez à respecter la marge à droite si vous rendez votre devoir sur copie.
Vous pouvez aussi présenter ce « journal de voyage » sous forme de dossier illustré.
A – Joachim du Bellay, Les Antiquités de Rome, 1558
Nouveau venu qui cherches Rome en Rome,
Et rien de Rome en Rome n’aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme.
Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement,
Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
B – Corneille, Horace, , IV, 6, 1640
Horace :
O Ciel ! qui vit jamais une pareille rage ?
Crois-tu donc que je sois insensible à l’outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d’un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.
Camille :
Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome, qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’Orient contre elle à l’Occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du Ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et ses lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause et mourir de plaisir :
Horace, mettant l’épée à la main et poursuivant sa sœur qui s’enfuit,
C’en est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace !
Camille, blessée derrière le théâtre.
Ah ! traître !
Horace, revenant sur le théâtre.
Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain !
C – Chateaubriand, Lettre sur la campagne romaine, 1804
Dans une belle soirée du mois de juillet, j’étais allé m’asseoir au Colisée, sur la marche d’un des autels consacrés aux douleurs de la Passion. Le soleil qui se couchait versait des fleuves d’or par toutes ces galeries où roulait jadis le torrent des peuples ; de fortes ombres sortaient en même temps de l’enfoncement des loges et des corridors, ou tombaient sur la terre en larges bandes noires. Du haut des massifs de l’architecture, j’apercevais, entre les ruines du côté droit de l’édifice, le jardin du palais des Césars, avec un palmier qui semble être placé tout exprès sur ces débris pour les peintres et les poètes. Au lieu des cris de joie que des spectateurs féroces poussaient jadis dans cet amphithéâtre, en voyant déchirer des chrétiens par des lions, on n’entendait que les aboiements des chiens de l’ermite qui garde ces ruines. Mais aussitôt que le soleil disparut à l’horizon, la cloche du dôme de Saint-Pierre retentit sous les portiques du Colisée. Cette correspondance établie par des sons religieux entre les deux plus grands monuments de Rome païenne et de Rome chrétienne me causa une vive émotion : je songeai que l’édifice moderne tomberait comme l’édifice antique ; je songeai que les monuments se succèdent comme les hommes qui les ont élevés ; je rappelai dans ma mémoire que ces mêmes Juifs qui, dans leur première captivité, travaillèrent aux pyramides de l’Egypte et aux murailles de Babylone, avaient, dans leur dernière dispersion, bâti cet énorme amphithéâtre. Les voûtes qui répétaient les sons de la cloche chrétienne étaient l’ouvrage d’un empereur païen marqué dans les prophéties pour la destruction finale de Jérusalem. Sont-ce là d’assez hauts sujets de méditation, et croyez-vous qu’une ville où de pareils effets se reproduisent à chaque pas soit digne d’être vue ?
D – Mme de Staël, Corinne ou l’Italie, 1807
Oswald ne pouvait se lasser de considérer les traces de l’antique Rome, du point élevé du Capitole où Corinne l’avait conduit. La lecture de l’histoire, les réflexions qu’elle excite, agissent bien moins sur notre âme que ces pierres en désordre, que ces ruines mêlées aux habitations nouvelles. Les yeux sont tout-puissants sur l’âme : après avoir vu les ruines romaines, on croit aux antiques Romains, comme si l’on avait vécu de leur temps. Les souvenirs de l’esprit sont acquis par l’étude. Les souvenirs de l’imagination naissent d’une impression plus immédiate et plus intime qui donne de la vie à la pensée, et nous rend, pour ainsi dire, témoins de ce que nous avons appris. Sans doute on est importuné de tous ces bâtiments modernes qui viennent se mêler aux antiques débris. Mais un portique debout à côté d’un humble toit ; mais des colonnes entre lesquelles de petites fenêtres d’églises sont pratiquées, un tombeau servant d’asile à toute une famille rustique, produisent je ne sais quel mélange d’idées grandes et simples, je ne sais quel plaisir de découverte qui inspire un intérêt continuel. Tout est commun, tout est prosaïque dans l’extérieur de la plupart de nos villes européennes, et Rome, plus souvent qu’aucune autre, présente le triste aspect de la misère et de la dégradation ; mais tout à coup une colonne brisée, un bas-relief à demi-détruit, des pierres liées à la façon indestructible des architectes anciens, vous rappellent qu’il y a dans l’homme une puissance éternelle, une essence divine, et qu’il ne faut pas se lasser de l’exciter en soi-même et de la ranimer dans les autres.
Ce Forum, dont l’enceinte est si resserrée et qui a vu tant de choses étonnantes, est une preuve frappante de la grandeur morale de l’homme. Quand l’univers, dans les derniers temps de Rome, était soumis à des maîtres sans gloire, on trouve des siècles entiers dont l’histoire peut à peine conserver quelques faits ; et ce Forum, petit espace, centre d’une ville alors très circonscrite, et dont les habitants combattaient autour d’elle pour son territoire, ce Forum n’a-t-il pas occupé, par les souvenirs qu’il retrace, les plus beaux génies de tous les temps ? Honneur donc, éternel honneur aux peuples courageux et libres, puisqu’ils captivent ainsi les regards de la postérité !
E – Stendhal, « Le Colisée » , Promenades dans Rome, 1829
Le Colisée est sublime pour nous, parce que c’est un vestige vivant de ces Romains dont l’histoire a occupé toute notre enfance. L’âme trouve des rapports entre la grandeur de leurs entreprises et celle de l’édifice. Quel lieu sur la terre vit une fois une aussi grande multitude et de telles pompes ? L’empereur du monde (et cet homme était Titus !) y était reçu par les cris de joie de cent mille spectateurs ; et maintenant quel silence !
Lorsque les empereurs essayèrent de lutter avec la nouvelle religion prêchée par saint Paul, qui annonçait aux esclaves et aux pauvres l’égalité devant Dieu, ils envoyèrent au Colisée beaucoup de chrétiens souffrir le martyre. Cet édifice fut donc en grande vénération dès le Moyen Age ; c’est pour cela qu’il n’a pas été tout à fait détruit. Benoît XIV, voulant ôter tout prétexte aux grands seigneurs qui, depuis des siècles, y envoyaient prendre des pierres comme dans une carrière, fit ériger autour de l’arène quatorze petits oratoires, chacun desquels contient une fresque exprimant un trait de la Passion du Sauveur. Vers la partie orientale, dans un coin des ruines, on a établi une chapelle où l’on dit la messe ; à côté, une porte fermée à clef indique l’entrée de l’escalier de bois par lequel on monte aux étages supérieurs.
En sortant du Colisée par la porte orientale, vers Saint-Jean-de-Latran, on trouve un petit corps de garde de quatre hommes, et l’immense arc-boutant de brique, élevé par Pie VII, pour soutenir cette partie de façade extérieure prête à s’écrouler.
Je parlerai dans la suite, quand le lecteur aura du goût pour ces sortes de choses, des conjectures proposées par les savants à propos des constructions trouvées au-dessous du niveau actuel de l’arène du Colisée, lors des fouilles exécutées par les ordres de Napoléon (1810 à 1814).
J’invite d’avance le lecteur à ne croire en ce genre que ce qui lui semblera prouvé ; cela importe à ses plaisirs : on ne se fait pas l’idée de la présomption des cicerones romains.
Rome, 17 août 1827. - Que de matinées heureuses j'ai passées au Colisée, perdu dans quelque coin de ces ruines immenses! Des étages supérieurs on voit en bas, dans l'arène, les galériens du pape travailler en chantant. Le bruit de leurs chaînes se mêle au chant des oiseaux, tranquilles habitants du Colisée. Ils s'envolent par centaines quand on approche des broussailles qui couvrent les sièges les plus élevés où se plaçait jadis le peuple roi. Ce gazouillement paisible des oiseaux, qui retentit faiblement dans ce vaste édifice, et, de temps à autre, le profond silence qui lui succède, aident sans doute l'imagination à s'envoler dans les temps anciens. On arrive aux plus vives jouissances que la mémoire puisse procurer.
Bibliographie complémentaire :
Virgile, L’Enéide (siècle d’Auguste)
Racine, Britannicus et Bérénice (XVIIème siècle)
Goethe, Voyage en Italie (Romantisme)
Zola, Rome (trilogie : Lourdes, Rome, Paris)
Claudel, Rome
Marguerite Yourcenar, Les mémoires d’Hadrien
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Poésie et déchiffrement du monde : le mythe d'Orphée
Orphée ramenant Eurydice, Corot (1861)
Orphée
Fils de Calliope et d'Apollon, poète et musicien, symbole de l'union entre la poésie et le chant, il aurait inventé la cithare et/ou ajouté deux cordes à la lyre à sept cordes reçue d'Apollon, atteignant ainsi le nombre des Muses.
Son chant charmait les dieux et les mortels. Il apprivoisait les fauves et parvenait même à émouvoir les êtres inanimés. Il participe à l'expédition des Argonautes et son chant réussit à l'emporter sur le chant mortifère des sirènes. C'est aussi par ses mélodies qu'il apaise Cerbère et charme les divinités infernales quand il descend aux Enfers pour obtenir le retour à la vie de son épouse Eurydice.
Sources littéraires de l'histoire tragique d'Orphée et d'Eurydice :
Grecque : Homère et Hésiode
Romaine : Virgile, Les Géorgiques, Ovide, Les Métamorphoses
La légende de cet aède mythique de Thrace ("aoidos" , chanteur : poète épique et récitant, dans la Grèce primitive), fils du roi Oeagre (p-ê d'Apollon) et de la muse Calliope (la plus éminente des Muses, protectrice de la poésie épique et parfois de l'éloquence [Kalliopê "Femme à la belle voix" ]) est l'une des plus obscures de la mythologie grecque. Elle est liée à la religion des mystères ainsi qu'à une littérature sacrée allant jusqu'aux origines du christianisme.
Eurydice : une des dryades (nymphe des bois), épouse d'Orphée.
Eurudikè : en grec, « la justice (ou la vengeance) sans bornes ».
Choisie par Orphée, fils de ma muse Calliope, pour devenir sa femme, elle fut mordue par un serpent le soir de ses noces. Orphée, qui était un musicien de génie, décida d'aller la chercher aux Enfers, armé de sa lyre. Charmées par ses mélodies, les divinités infernales acceptèrent de lui rendre son épouse, à condition qu'il ne se retourne pas une seule fois sur le chemin de son retour. Mais Orphée oublia sa promesse et perdit Eurydice à jamais.
Étymologie : Eurudikè, qui signifie, en grec, " la justice (ou la vengeance) sans bornes ", était une nymphe des bois (dryade) choisie par Orphée, fils de la muse Calliope, pour devenir sa femme.
L'histoire tragique d'Orphée et d'Eurydice : le soir de leurs noces, Eurydice fut mordue au mollet par un serpent. Elle mourut et descendit au royaume des Enfers. Orphée descendit alors aux Enfers et put, après avoir endormi de sa musique enchanteresse Cerbère le monstrueuyx chien à trois têtes qui en gardait l'entrée, et les terribles Euménides, approcher le dieu Hadès. Il parvint, grâce à sa musique, à le faire fléchir, et celui-ci le laissa repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'elle le suivrait et qu'il ne se retournerait ni ne lui parlerait tant qu'ils ne seraient pas revenus dans le monde des vivants. Mais au moment de sortir des Enfers, Orphée, inquiet de son silence, ne put s'empêcher de se retourner vers Eurydice et celle-ci lui fut retirée définitivement, disparue dans les ténèbres.
Affligé par la perte définitive de celle-ci, Orphée reste inconsolable et solitaire.
Selon la version la plus répandue sur sa mort, il est mis en pièces par les Ménades, soit pour avoir dédaigné l'amour des femmes de Thrace, soit pour avoir exclu les femmes des mystères.
Selon une autre version, Orphée est foudroyé par Zeus pour avoir révélé ses expériences du royaume des morts à ses mystes.
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Les Muses :
Dans la mythologie grecque, les Muses sont les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne.
("Les Muses aiment les chants alternés")
Une des Titanides.
Elle s'unit à Zeus pendant neuf nuits de suite et de cette relation naquirent les neuf Muses.
* Hésiode, Théogonie
Neuf divinités, patronnes des chants et des sciences : Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie, Uranie.
Leur généalogie, leur nombre et leurs attributions précises ont beaucoup changé selon les époques.
Calliope : la plus éminente des Muses, protectrice de la poésie épique et parfois de l'éloquence [Kalliopê "Femme à la belle voix" ]. Selon la légende, elle est mère de Linos et d'Orphée.
Clio : patronne de l'Histoire (elle est représentée avec un rouleau de papyrus à la main )
Erato : elle préside à la poésie érotique et aux noces
Euterpe : elle présidait aux fêtes. On lui attribuait la flûte et l'invention du dithyrambe.
Melpomène : dont le nom dérive du verbe "melpô" = chanter. Primitivement, elle présidait au chant et à l'harmonie, puis elle fut associée à Dionysos et devint patronne de la tragédie. Unie à Achéloos, elle donne naissance aux Sirènes.
Polymnie (Polhymnie) : ses attributions varient selon les auteurs. Elle préside à l'hymne, à la pantomime ou à la poésie lyrique, mais on lui attribue aussi l'invention de l'harmonie, de l'orchestique et parfois de la géométrie.
Terpsichore : considérée parfois comme la mère des sirènes qu'elle a d'Achéloos (cf. Melponème). On lui attribuait la danse et , dans la tradition tardive, les chœurs dramatiques et la poésie lyrique.
Thalie : elle préside à la comédie et à la poésie légère et elle est représentée sous le masque grimaçant de la comédie.
Uranie (Ourania, « la Céleste », de Ouranos, « le ciel ») : assistée par les Ouranies (les nymphes célestes), elle présidait à l'astronomie et à l'astrologie (deux disciplines indissociables chez les Grecs). Mère de Linos conçu avec Apollon (ou Amphimaros), elle est représentée vêtue d'une robe de couleur azur, couronnée d'étoiles, et soutenant des deux mains un globe qu'elle semble mesurer, ou bien ayant près d'elle un globe posé sur un trépied, et plusieurs instruments de mathématiques.
Selon Catulle, Bachus la rendit mère d'Hymen.
Marc Chagall, Plafond de l'Opéra de Paris
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Civilisation latine :
La nymphe Egérie aurait, selon la légende, inspiré le roi-prêtre sabin Numa Pompilius.
POESIE et MYTHE 2010 - 5ème 1 et latinistes de 5ème et de 3ème
Synthèse des recherches réalisées par les latinistes de 5ème 1 : prochainement en ligne
Et Chronos ?
"Une mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante", Denis de Rougemont
=> Représentation de faits ou de personnages réels déformés ou amplifiés par l'imaginaire collectif, la tradition. Il implique souvent des personnages merveilleux (des dieux, des héros*, des animaux fabuleux, des anges ou des démons).
* héros : au sens étymologique de "demi-dieu"
Le mythe se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. Il propose sous forme métaphorique une lecture du monde et de la société qui les transmet (cosmogonie et genèse : création du monde, phénomènes naturels, rapports de l'homme avec le divin et la société, genèse d'une société humaine et ses relations avec les autres sociétés).
MYTHOLOGIES GRECQUES et LATINES
De la Mythologie à l'Histoire
POESIE et MYTHE : de L'Iliade aux Aventures de Télémaque
EPOPEE et ROMAN : de L'Iliade aux romans de chevalerie
LEGENDE et HISTOIRE :
des tragiques grecs (Eschyle, Sophocle, Euripide) : aux ré-écritures modernes
des origines troyennes de Rome à la Royauté, à la République et à l'Empire
ROME : Corneille, les pièces romaines
Horace : une tragédie romaine (le combat des Horaces et des Curiaces)
"Rome, unique objet de mon ressentiment..." (les stances de Camille)
Cinna : la clémence d'Auguste (1640-1642)
Exposés 2010 : en ligne prochainement
Le voyage : de Homère à Virgile, L'Iliade à L'Eneide *
La chute de Troie : ses causes et ses conséquences, de L'Iliade à L'Enéide
LE RECIT : Les textes fondateurs du mythe et de l'épopée
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Héros ou personnages, pour quelles valeurs ?
De l'épopée aux romans de chevalerie
L'Eneide* de Virgile (Ier siècle) : poème épique de Virgile en 12 chants qui fait le récit des pérégrinations d'Enée contraint de s'exiler après la chute de Troie, et de son établissement en Italie où il fonde la nation romaine. S'écartant de la narration purement historique et mythologique, le poète a traité un sujet légendaire mais national (lié aux origines de Rome) pour donner à Rome une épopée qui tînt la même place que les poèmes homériques en Grèce.
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De l'épopée (inspirée du mythe) à la tragédie et au roman...
Oedipe et le Sphinx, Ingres
I. Le sacrifice du héros tragique ("tragos-ôde") : la "purgation des passions", de la tragédie grecque au théâtre janséniste de Racine ( "mimesis " et "catharsis" : le châtiment de l'"hybris").
=> la tragédie classique (p. 43)
"S'il se vante, je l'abaisse..."
"Le ressort de la tragédie-spectacle, (...) c'est le revirement. Changer toutes choses en leur contraire est à la fois la formule du pouvoir divin et la recette même de la tragédie".
Issue des légendes grecques d'abord transmises oralement par des aèdes (poètes chanteurs), l'épopée est la première forme du récit. Le genre épique se retrouve dans de nombreuses civilisations. La tragédie succède à l'épopée (p. 113) mais est antérieure à la comédie.
Le genre épique se retrouve dans de nombreuses civilisations.
Issue des légendes grecques d'abord transmises oralement par des aèdes (poètes chanteurs), l'épopée est la première forme du récit. La tragédie succède à l'épopée (p. 113) mais est antérieure à la comédie.
Jean-Pierre Vernant caractérise la tragédie par une tension entre le passé du mythe et le présent de la polis.
De l'épopée à la tragédie : tempoetheatre.blogspot.com
Poésie et mythe : du grec "poiêsis" : création
"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre"
"Fiat lux"...
"Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut."
La Genèse, Ancien Testament
Gustave Doré, illustration to Milton'Paradise Lost
A l'origine était le mythe...
"On ne pense que par image. Si tu veux être philosophe, écris des romans", Albert Camus
Le mythe : récit légendaire des origines qui exprime les valeurs d'une société. Amplifié par l'imaginaire collectif, il s'inspire de légendes portées par une tradition orale.
[bas latin mythus ; grec muthos : récit, fable]
"Un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante", Denis de Rougemont
Le mythe est un récit fabuleux porté à l'origine par une tradition orale. Souvent d'origine populaire, il met en scène des êtres incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine (fable, légende, mythologie). Il contient généralement une morale.
Représentation de faits ou de personnages réels déformés ou amplifiés par l'imaginaire collectif, la tradition. Il implique souvent des personnages merveilleux (des dieux, des héros*, des animaux fabuleux, des anges ou des démons).
* héros : au sens étymologique de "demi-dieu"
Le mythe se veut explicatif et fondateur d'une pratique sociale. Il propose sous forme métaphorique une lecture du monde et de la société qui les transmet (cosmogonie et genèse : création du monde, phénomènes naturels, rapports de l'homme avec le divin et la société, genèse d'une société humaine et ses relations avec les autres sociétés).
Distinction : religion, histoire et mythe et mythe, fable, conte et roman ...
Définition de l'apologue...
De l'épopée à la tragédie et au roman...
"Fiat lux"
Le mythe de Prométhée :
Prométhée "porteur de feu"
Selon La Théogonie d'Hésiode, Prométhée créa les hommes à partir d'une motte d'argile (et le souffle de vie d'Athéna). Malgré l'opposition de Zeus, il leur donna le feu divin, leur enseigna la métallurgie et d'autres arts.
Prométhée (Proêtheus : le prévoyant) est un Titan, fils de Japet et de Thémis, frère d'Atlas. (Selon une autre légende minoritaire, il serait né d'Héra et du géant Eurymédon.
=> La tragédie grecque : Eschyle, Sophocle, Euripide
1. Les tragédies d'Eschyle :
PROMETHEE ENCHAINE - PROMETHEE DELIVRE - PROMETHEE PORTE-FEU
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Bibliographie :
Mythologie, Edith Hamilton
Le Mythe de l'éternel retour, Mircea Eliade
Mythologies, Roland Barthes
Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim
(à suivre)
"Sans clefs, la grande armoire " ?
Rimbaud, "Les étrennes des orphelins", Poésies, 1870
Rimbaud, Poésies 1872
Poésie : du grec "poiêsis" : création
"On ne pense que par image", Camus
[art du langage, visant à exprimer ou à suggérer quelque chose par le rythme, l'harmonie et l'image ]
C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;
Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;
C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Samuel van Hoogstraten, Les pantoufles (entre 1654 et 1662) - Musée du Louvre
POESIE et DECHIFFREMENT DU MONDE
Correspondances, Baudelaire
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
-- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Baudelaire, Les Fleurs du mal, (1957)
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"O saisons , ô châteaux ! Quelle âme est sans défaut ?"
Rimbaud, Poésies 1872
"Il n'est qu'un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur."
Rainer Maria Rilke, Lettre à un jeune poète, 1903
"C'est par des chants que les peuples quittent le ciel de leur enfance pour entrer dans la vie active, dans le règne de la civilisation. C'est par des chants qu'ils retournent à la vie primitive. L'art est la transition de la nature à la civilisation, et de la civilisation à la nature"
Hölderlin
"Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n'est pauvre, il n'est pas de lieux pauvres, indifférents."
Rainer Maria Rilke, Lettre à un jeune poète, 1903
("Les Muses aiment les chants alternés")
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