Bibliographie :
Mythologie, Edith Hamilton
Le Mythe de l'éternel retour, Mircea Eliade
Mythologies, Roland Barthes
Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim
"Fiat lux"...
Qui est ce personnage "porteur de feu" ?
Dans la Bible :
CAIN et ABEL
JUDITH
Dans l'Antiquité grecque :
PROMETHEE / ZEUS
OEDIPE ANTIGONE
AGAMEMNON - CLYTEMNESTRE - ELECTRE - ORESTE ("L'Orestie", Eschylle)
ACHILLE (L'Iliade, Homère)
OURANOS, CHRONOS, ZEUS et les Olympiens (La Théogonie, Hésiode ; Les Métamorphoses, Ovide)
HERAKLES (HERCULE) : les 12 travaux mais aussi... à suivre
MEDEE
Dans l'Antiquité romaine : de la légende à l'histoire (latinistes de 5ème et de 3ème)
Romulus et Remus
Tarquin le Superbe
Catilina : commentaires d'élèves de latinistes de 3ème => à suivre...
Salluste : La Conjuration de Catilina, 41 av. JC
Lucius Catilina, nobili genere natus, fuit magna vi et animi et corporis, sed ingento malo pravoque. Huic ab adulescentia bella intestina, caedes, rapinae, discordia civilis grata fuere*, ibique juventutem suam exercuit. Corpus patiens inediae, algoris, vigiliae, supra quam cuiquam credibile est. Animus audax, subdolus, varius, cujus rei lubet simulator et dissimulator, alieni adpetens sui profusus : ardens in cupiditatibus; satis eloquentiae, sapientiae parum. Vastus animus immoderata, incredibilia, nimis alta semper cupiebat. [...] Agitabatur magis magisque in dies animus ferox inopia rei familiris et conscientia scelerum, quae utraque is artibus auxerat quae supra memoravi. Incitabant praeterea corrupti civitatis mores, quos pessuma ac divorsa inter se mal, luxuria atque avaritia, vexabant.(p. 61)
I - Ce portrait présente-t-il un éloge ou un blâme ?
II - Comment et pourquoi Salluste généralise-t-il son propos à la fin du texte (p. 61) ?
III - Vous proposerez un commentaire de ce texte (p. 61)
Penser à introduire et à conclure (cf. "Coup de théâtre au sénat", Cicéron, Première Catilinaire, 63~)
1ère étape : un portrait contrasté
Dans le portrait, relevez les termes qui caractérisent Catilina moralement et ceux qui le caractérisent physiquement.
2ème étape : un éloge ou un blâme ?
Quels sont ses qualités et ses défauts ?
Au Moyen Age : dans les chansons de geste
"Roland est preux, mais Olivier est sage", La Chanson de Roland (XIème)
Méléagant : le "chevalier noir" dans Le Chevalier de la charrette, Chrétien de Troyes
Dans le théâtre baroque : Shakespeare (régicides)
SYMBOLES DRAMATIQUES :
Le dialogue d'Hamlet avec le crâne
La nudité du roi Lear exposé aux éléments déchaînés dans la forêt, dépossédé de son royaume avant l'heure...
Les mains de Lady Macbeth (le remords après le crime)
Le mouchoir de la trahison de Iago dans Othello
Dans le théâtre classique français :
Les tragédies de Corneille et Racine
Les comédies de moeurs et de caractère de Molière : L'Avare, Les Femmes savantes, Dom Juan, Tartuffe, Le Misanthrope...)
Lundi 3 mai(2de 4) : correction du portrait d'Arrias de La Bruyère, Portraits
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En contrepoint : les symboles de paix et de civilisation
HESIODE, Les Travaux et les Jours
HOMERE, L'Odyssée : le retour d'Ulysse à Ithaque
PERICLES et PHIDIAS (l'âge dor de la démocratie athénienne)
AUGUSTE * (l'âge d'or de la civilisation romaine : Virgile, Horace, Ovide)
Quelles furent ses dernières paroles ?
Et sa devise ?
** au "grand siècle" : expression contradictoire qui peut sembler une antiphrase dans le contexte du siècle de "Louis le Grand", le "roi soleil" qui lui même apparaît en contrepoint de la vertu de l'honnête homme, une représentation paradoxale, voire son antithèse.
"Nec pluribus impar" était la devise de Louis XIV...
"Usque ad non ascendam ?" , celle du ministre qu'il a fait embastiller...
Lire : Louis XIV ou le soleil offusqué, Paul Morand
DIDEROT
l'article "Paix" de L'Encyclopédie au siècle des Lumières
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CAMUS
"On ne pense que par images, si tu veux être philosophe écris des romans"
Julien Gracq
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Olivier Py
"Nous devons notre salut à la force des mots", Les Suppliantes
Odéon, Théâtre de l'Europe « hors les murs »
jeudi 6 avril à 12 heures, Théâtre de l'EABJM : 2des et 1ères (durée : une petite heure)
L'autre, un sujet en question : l'accueil de l'étranger et l'hospitalité comme devoir
avec "la mesure en héritage"www.tempoetheatre.blogspot.com
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Le registre épidictique : l'éloge et le blâme...
L'"Hybris" ou la démesure : le désir, la libido, le péché, l'inconscient... ?
Correction du sujet d'invention : "Je me reconnais dans l'hybris tragique"...
(ou" je refuse de me reconnaître"...)
L'"hybris" : l'ogueil, l'ambition, la jalousie, la vengeance = des valeurs polyvalentes
www.tempoedialectique.blogspot.com
"Impatients désirs d'une illustre vengeance
Dont la mort de mon père a formé la naissance,
Enfants impétueux de mon ressentiment,
Que ma douleur séduite embrasse aveuglément,
Vous prenez sur mon âme un trop puissant empire
[...]
Quand vous me présentez cette sanglante image,
La cause de ma haine, et l'effet de sa rage,
Je m'abandonne toute à vos ardents transports,
Et crois, pour une mort, lui devoir mille morts.
Au milieu toutefois d'une fureur si juste,
J'aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste,
Et je sens refroidir ce bouillant mouvement
Quand il faut, pour le suivre, exposer mon amant."
Corneille, Cinna, I, 1
Emilie,
ou l'une des nombreuses figures de l'insoumission aristocratique chez Corneille
La critiques des sentiments extrêmes (le roman, la tragédie, la comédie, l'essai) et des personnages à "idée fixe" (les monomaniques de "La Comédie humaine" de Balzac), le comique de caractère des comédies de Molière, la mise en scène de "l'hybris" dans la tragédie ("tragos-ôde") : "mimesis" et "catharsis" de l'Antiquité au théâtre classique en France (la dénonciation des "passions" du théâtre de Racine)
Rappel : l'éloge et/ou le blâme en littérature expriment la subjectivité du jugement qui fait appel à des valeurs esthétiques, éthiques, sociales / normes liées à une époque (un mouvement) et un genre littéraire. Il est lié au goût (au « sensible »), à la distinction de critères individuels et/ou sociaux.
Les critères de l'éloge et/ou du blâme :
esthétiques (beau/laid)
éthiques (bien/mal ; honnête/malhonnête)
de droit (juste/injuste ; honnête/malhonnête ; loyal/déloyal)
pratiques, fonctionnels, pragmatiques, stratégiques (utile/inutile ; constructif/ destructif)
sociaux (noble/vulgaire (commun) ; bas/élevé
artistiques (art/artifice ; artiste/artisan ; naturel/culturel ; naturel/artificiel)
philosophiques (X la physique et la métaphysique complémentaires dans l'Antiquité grecque) (; temporel/éternel; matériel/spirituel; corps/esprit; matière/âme)
* être/paraître
Référentiel (bas-élevé) : culture du mépris, de la distinction, du cynisme
Evolution : progrès ou dégradation des valeurs héroïques/humaines ?
Honneur/ Déshonneur : loyal/déloyal, gentil, rusé, cynique, pathétique, vilain, noble, vulgaire, généreux
=>ces mots ont-ils aujourd'hui le même sens ?
Débat sur l'esthétique : Qu'est-ce que le beau ?
De dénotations en connotations, observez comment des glissements peuvent s'opérer, des amalgames servir d'aliments à des polémiques, des analogies faire éclore des "fleurs de rêve" (ou de cauchemars) poétiques.
Antithèses : vide/plein ; haut/bas ; obscur/clair...
Quelles associations d'idées et d'images ces mots provoquent-ils ?
"Les mots s'allument de reflets réciproques", Stéphane Mallarmé
Roman collectif "générationnel" : www.tempoeroman.blogspot.com
"On en pense que par images, si tu veux être philosophe écris des romans", Camus
Invention : quelle(s) réussite(s) pour demain ?
=> Les Caractères, La Bruyère ; La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette,
Héros ou anti-héros ?
La démesure du "héros" ("l'hybris"), l'excès, le désir, la libido*, la "passion", le péché**, le vice, la concupiscence*** , la convoitise, l'avidité, la jalousie, le crime, la folie ("furor"), le trouble, la déraison, la subversion, la rébellion, la marginalité, l'amoralité, l'immoralité, le désordre, le chaos, l'anarchie?
L'honnêteté : la mesure et la raison de "l'honnête homme" (morale, équilibre, modération, tempérance, prudence, vertu) => La "belle personne", Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves
* la libido : le désir (en latin)
Saint Augustin fut le premier à distinguer trois types de désirs : la "libido sciendi" (ldésir de connaissance), la "libido sentiendi" (désir sensuel au sens large) et la "libido dominandi" (désir de dominer). Cette catégorisation a été reprise par Jansénius (à l'origine du Jansénisme (cf. Pascal et Racine au XVIIème siècle).
En philosophie, Spinoza emploie le terme au sens d'appétit sensuel ("libido est etiam cupiditas et amor in commiscendis corporibus", Eth, III, déf.48)
En psychanalyse, c'est le désir sexuel pour Freud (une force ou énergie pulsionnelle qui entre en conflit avec les conventions et le comportement civilisé), l'énergie créatrice pour Jung.
** Dans la religion catholique, identifiés par saint Thomas d'Aquin, les péchés capitaux (7) correspondent aux péchés dont découlent tous les autres : la paresse ("acédie" : paresse spirituelle), l'orgueil, la gourmandise, la luxure, l'avarice, la colère et l'envie.
*** la concupiscence : penchant pour les plaisirs sensuels (synonymes : appétit, attrait, convoitise, désir, inclinaison, penchant, sensualité)
*****
Les origines de la tragédie : le châtiment de l'hybris ou le sacrifice du héros ("demi-dieu")
Les dionysies (tragos-ôde : chant du bouc) : Dionysos ou le bouc-émissaire
A Athènes, dans l'Antiquité, les citoyens assistaient en masse aux représentations théâtrales. Le théâtre était considéré non seulement comme un divertissement, mais aussi comme un moyen d'éducation morale et civique. Le théâtre classique en France s'inscrit dans cette tradition de "mimesis" et de "catharsis" initiée par Aristote, respectant la règle des 3 unités énoncées dans sa Poétique : le spectateur doit ressentir "terreur" et pitié" pour le héros (bouc-émissaire), éprouver de la compassion mais se garder de chercher à lui ressembler par la démesure : l'"hybris".
La "mimesis" (la représentation) favorise un processus d'identification destiné à provoquer un bouleversement salutaire appelé la "catharsis" ou purgation des passions. Le spectateur doit sortir transformé d'un spectacle et apprendre la soumission à la dikè divine et à la polis.
"Instruire et plaire", telle est la fonction du théâtre "classique" depuis ses origines...
Le monologue d'Emilie : Cinna, Corneille, Acte I, scène 1
1 Impatients désirs d'une illustre vengeance
Dont la mort de mon père a formé la naissance,
Enfants impétueux de mon ressentiment,
Que ma douleur séduite embrasse aveuglément,
5 Vous prenez sur mon âme un trop puissant empire ;
Durant quelques moments souffrez que je respire,
Et que je considère, en l'état où je suis,
Et ce que je hasarde, et ce que je poursuis.
Quand je regarde Auguste au milieu de sa gloire,
10 Et que vous reprochez à ma triste mémoire
Que par sa propre main mon père massacré
Du trône où je le vois fait le premier degré ;
Quand vous me présentez cette sanglante image,
La cause de ma haine, et l'effet de sa rage,
15 Je m'abandonne toute à vos ardents transports,
Et crois, pour une mort, lui devoir mille morts.
Au milieu toutefois d'une fureur si juste,
J'aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste,
Et je sens refroidir ce bouillant mouvement
20 Quand il faut, pour le suivre, exposer mon amant.
Oui, Cinna, contre moi, moi-même je m'irrite
Quand je songe aux dangers où je te précipite.
Quoique pour me servir tu n'appréhendes rien,
Te demander du sang, c'est exposer le tien :
25 D'une si haute place on n'abat point de têtes
Sans attirer sur soi mille et mille tempêtes ;
L'issue en est douteuse, et le péril certain :
Un ami déloyal peut trahir ton dessein ;
L'ordre mal concerté, l'occasion mal prise,
30 Peuvent sur son auteur renverser l'entreprise,
Tourner sur toi les coups dont tu veux le frapper ;
Dans sa ruine même il peut t'envelopper ;
Et quoi qu'en ma faveur ton amour exécute,
Il te peut, en tombant, écraser sous sa chute.
35 Ah ! Cesse de courir à ce mortel danger ;
Te perdre en me vengeant, ce n'est pas me venger.
Un coeur est trop cruel quand il trouve des charmes
Aux douceurs que corrompt l'amertume des larmes ;
Et l'on doit mettre au rang des plus cuisants malheurs
40 La mort d'un ennemi qui coûte tant de pleurs.
Mais peut-on en verser alors qu'on venge un père ?
Est-il perte à ce prix qui ne semble légère ?
Et quand son assassin tombe sous notre effort,
Doit-on considérer ce que coûte sa mort ?
45 Cessez, vaines frayeurs, cessez, lâches tendresses,
De jeter dans mon coeur vos indignes faiblesses ;
Et toi qui les produis par tes soins superflus,
Amour, sers mon devoir, et ne le combats plus :
Lui céder, c'est ta gloire, et le vaincre, ta honte :
Montre-toi généreux, souffrant qu'il te surmonte ;
51 Plus tu lui donneras, plus il va te donner,
Et ne triomphera que pour te couronner.
De la lecture à l'écriture : la rédaction* du 2ème axe du commentaire
Emilie,
ou l'une des nombreuses figures de l'insoumission aristocratique chez Corneille
Cinna, Corneille, I, 1
I - Un monologue d'exposition : un dilemme tragique ?
* consulter : la correction de la réponse à la question d'observation sur les héroïnes tragique ("l'hybris", du héros cornélien au héros racinien + le polycopié : exemples de formules utilisables dans un commentaire de textes à l'oral et à l'écrit)
LE QUESTIONNEMENT DU TEXTE => pousser plus loin l'analyse dans le 2ème axe du commentaire organisé et rédiger, avec vos mots à vous...
*****
Quelques questions au préalable :
une héroïne tragique ... (étymologie : "héros" - "tragédie") => le sacrifice du héros éponyme
Comparer avec la situation tragique de Britannicus par exemple :
les couples Junie-Britannnicus et Emilie-Cinna
(/ Rodrigue et Chimène)
Qui meurt et pourquoi ?
Qui est sacrifié et par qui ?
Britannicus est encore vivant (II, 6 - III 8) : s'il meurt, est-ce de la faute de Junie ?
Cinna ne meurt pas, il est épargné, mais est-ce grâce à Emilie ? (I, 4)
"Oui, va, n'écoute plus ma voix qui te retient,
Mon trouble se dissipe et ma raison revient.
...Meurs s'il faut mourir, en citoyen romain,
Et par un beau trépas couronne un beau dessein."
Qu'est-ce que le théâtre ?
"MIMESIS" et "CATHARSIS" ("monstre" / "montrer" la démesure pour purger les passions)
texte et représentation : tempoetheatre.blogspot.com
"Le théâtre, un art de la parole" ?
Comment le spectateur est-il informé de ce "dilemme" ?
Comment y Emilie parvient-elle à en sortir ?
Quelle est la composition de ce monologue ?
Comment la composition de ce monologue en favorise-t-elle une interprétation ?
Cette interprétation est-elle univoque ?
A quel moment son discours est-il enflammé ? et de quoi est-il question ?
A quel moment se refroidit-il ?
"Quand je délibère, les jeux sont faits", Sartre
*****
II - "Une délibération "pour la forme" ?
(forma = beauté => "pour la beauté du geste" ?)
Un dilemme rhétorique ?
Proposition pour un premier relevé (1er paragraphe) : la pesée ("pensare" : penser et peser)
Le manichéisme // effets de parallélisme rythmiques et syntaxiques : les antithèses
(verticalement et horizontalement)
"toutefois" et "Mais" (déjà étudiés dans le 1er axe) + ""coûte" : 2 x (v. 40 et 44)
D'un côté : "La mort d'un ennemi qui coûte..." (v.40), de l'autre : "ce que coûte sa mort"(v.44)
"L'issue en est douteuse, et le péril certain" (v.27)
"Quand il faut"... "Quand je songe" (anaphore)
"exposer" (V.20) ; "demander" (v.24) ;
"perdre" (v. 36), "perte" (v.42)
Comparer les champs lexicaux : la douleur et la mort / la gloire, la vengeance, le triomphe
Comparer les champs lexicaux du chaud et du froid
Proposition pour un 2ème relevé (2ème paragraphe) : une héroïne cornélienne => la gloire (/racinienne) => une tragédie politique ("Meurs s'il faut mourir, en citoyen romain")
"illustre" (v.1)
"gloire" (v.9)
"Auguste" (2 x)
"d'une si haute place" (v.25)
"triomphera" (v.52)
"couronner"(v.52)
"Mon trouble se dissipe et ma raison revient" (I, 4)
Le monologue d'Emilie est-il pathétique ?
Comment qualifie-t-elle la tendresse ?
"lâches tendresses" (v.45)
A quoi la tendresse est-elle assimilée ?
"indignes faiblesses" (v. 46)
Quel est le sens de ce mot dans le théâtre de Corneille ?
"Rodrigue as-tu du coeur ?"
Comment aime-t-elle ?
Comparer Chimène et Emilie / Hermione et Phèdre
Quel est le mot "rayonnant"* de ce monologue ?
* mot rayonnant (celui qui éclaire tous les autres) : "Les mots s'allument de reflets réciproques"
La rhétorique de l'éloge : quelle est la convergence des effets ?
"Mais peut-on en verser alors qu'on venge un père ?
Est-il perte à ce prix qui ne semble légère ?
...
Amour, sers mon devoir, et ne le combats plus :
Lui céder, c'est ta gloire, et le vaincre, ta honte :
Montre-toi généreux, souffrant qu'il te surmonte ;
51 Plus tu lui donneras, plus il va te donner,
Et ne triomphera que pour te couronner."
Propositions pour un 3ème relevé (3ème axe) :
relire les articles de préparation au commentaire et à la question d'observation : les héroïnes tragiques
Quelle est sa relation au pouvoir ?
Comment et pourquoi la rhétorique du devoir triomphe-t-elle ?
Etudier les modalisateurs d'obligation et la généralisation dans les interrogatives finales
("on" = personne)
Quelles sont les valeurs qui triomphent dans ce monologue ?
L'amour peut-il trouver sa place ?
"Quand on aime, on ne compte pas"...
Tout n'est-il pas joué d'avance ?
Quelle est la caractéristique essentielle du héros cornélien ?
"Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître", Rodrigue dans Le Cid
Est-elle présentée sous forme d'éloge ou de blâme ?
Que pensez-vous du "panache" des héros cornéliens ?
Le dispositif de mise à en scène de la "superbe" qui caractérise les héros se présente-t-il de la même façon dans le théâtre de Corneille et celui de Racine ?
=> correction du sujet d'invention : lundi 29 mars
Cinna, une tragédie classique et/ou baroque ?
Comment le "moi" est-il représenté ?
Est-il présenté comme "haïssable" ?
Ce monologue vous semble-t-il dénoncer la démesure du personnage ?
Comment l'idéal humain de "l'honnête homme" est-il représenté dans cette tragédie ?
Où, quand, comment et par qui la démesure héroïque est-elle condamnée dans Cinna ?
La passion est-elle condamnée aussi cruellement que dans le théâtre de Racine ?
"S'il se vante je l'abaisse; s'il s'abaisse je le vante;
et je le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible ", Pascal, Pensées
"MIMESIS" et "CATHARSIS" ("monstre" / "montrer")
Qu'est-ce que le théâtre ?
"Un art de la parole"
=> correction de la dissertation : vendredi 26 mars
texte et représentation : tempoetheatre.blogspot.com
Quelques citations* pour éclairer la lecture :
Paul Bénichou, Morales du grand siècle
"A mon avis le classicisme est une gigantesque entreprise cherchant à affirmer le pouvoir de la pensée sur le chaos pour rendre la vie et la nature plus supportables. La règle des trois unités, la versification, sont des moyens pour rendre le mystère, la monstruosité de l'existence visibles et gérables. Dans L'Illusion comique, le jeune Corneille suit toutes ces règles, mais très vite, la matière même de son texte explose".
L'Illusion comique par Galin Stoev, propos recueillis par Laurent Muhleisen, décembre 2008
* arguments d'autorité
Et pour finir, conduire le lecteur, adopter un plan progressif : consulter l'article "La lecture analytique ou dramaturgie heuristique pour l'explication de texte".
Sans oublier...
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Rappel :
L"hybris" : du héros cornélien au héros racinien - Le monologue délibératif
Didactique – Les monologues tragiques : complément de correction de la réponse à la question sur le corpus
Todorov le qualifie de “ projection de la forme exclamative ” , pour Benveniste, le monologue est un dialogue intériorisé
Corpus de textes :
Corneille, Horace (1640), acte III, scène 1
Corneille, Cinna (1641), acte I, scène 1
Racine, Andromaque (1667), acte V, scène 1
Racine, Bajazet (1672), acte IV, scène 4
De l'héroïsme cornélien au pessimisme racinien; s'interroger sur leur “ influence ” sur le cours de l'action à partir de cette définition de la mauvaise foi sartrienne : “ Quand je délibère, les jeux sont faits ”.
Sabine n'a rien à choisir, Hermione a déjà donner l'ordre d'exécuter Pyrrhus; la conspiration contre Auguste est déjà en place, puisque les conjurés se réunissent le jour même. Seule Roxane a encore le choix de condamner à mort Bajazet...
Commencer par souligner l'unité générique, temporelle, thématique du corpus : l'amour contre une autre force (conflit intérieur)
Cohérence générique et typologique : les quatre pages sont des extraits de tragédies à caractère délibératif.
Définir "le tragique" et la tragédie et relier cette réflexion au caractère rhétorique de ces quatre extraits.
I - La dimension dialogique du monologue : y a-t-il débat intérieur ? Dilemme ?
Le conflit intérieur chez Corneille
Dégager la solitude des héroïnes, le conflit tragique.
Inscrire le corpus dans une problématique de lecture et de langue : la question du temps (entre passé trop lourd et avenir impossible).; enchaînement des textes de Corneille et de Racine ; progression convaincante ; soulignement de l'unité générique, temporelle, thématique du corpus : . Distinction faite entre genre et registre.
Les quatre extraits donnent à lire des monologues, situés à des moments clés (exposition, noeud, montée des périls, dénouement) de la tragédie classique. Enoncés par quatre héroïnes amoureuses, ils mettent en jeu des sentiments et des relations de pouvoir aux autres. Notons que les quatre amantes appartiennent à des familles dont les liens avec le pouvoir politique sont très forts, ou occupent une position politique éminente.
Les trois derniers monologues entretiennent entre eux des correspondances : la femme amoureuse va t elle “ exposer ” son amant à la mort (Cinna), voire ordonner sa mort (Andromaque, Bajazet) ? Les deux monologues cornéliens mettent en jeu un conflit entre l'amant et le père ; chez Racine, les deux héroïnes préfèrent choisir la mort de l'amant plutôt que de le voir appartenir à une autre.
II - Fonction lyrique, fonction dramaturgique d'une "pensée parlée" : un artifice de représentation ? une "projection de la forme exclamative", Todorov ; un dialogue intériorisé pour Benveniste
La dramaturgie classique en France (Nizet 1959) de Jacques Schérer :
“ La fonction essentielle d'un monologue est de permettre l'expression lyrique d'un sentiment. En échappant à ses interlocuteurs, le personnage échappe à la nécessité de dissimuler ou celle de respecter certaines bienséances, et il peut dire les élans de son coeur. Le monologue permet au dramaturge, non seulement de faire connaître les sentiments de son héros facilité que lui offre tout dialogue mais de les chanter. (... ) A la fonction lyrique du monologue s'en ajoute parfois une autre. L'expression des sentiments peut ne modifier en rien la situation psychologique du personnage qui monologue : une lamentation est stérile si le héros se retrouve à la fin dans le même état qu'au début. Il en est souvent ainsi. Mais quelquefois aussi, ce retour sur soi même qu'est le monologue fait découvrir une issue ; si le chant n'est pas gratuit, s'il est aussi analyse et réflexion, il peut aboutir à une solution. Le monologue conduisant à une décision devient ainsi un élément de l'intrigue au même titre qu'une scène d'action dialoguée. Des tendances qui luttent dans le personnage isolé, l'une prend le dessus( ...)”
“ Le monologue peut encore avoir, tout au moins jusque vers 1650, une dernière fonction. Celui qui le prononce peut faire connaître un fait, non seulement au spectateur, mais aussi à un personnage qui, en se dissimulant, l'écoute. II est superflu de souligner l'artifice du procédé : c'est déjà une convention que de présenter au spectateur une pensée parlée, c'en est une moins vraisemblable encore que de supposer ces paroles fictives assez distinctement prononcées pour être entendues par un autre personnage. ”.
Aux fonctions, aux formes du monologue, il convient d'ajouter pour s'approcher d'une définition complète une réflexion sur la singularité énonciative du procédé. Convention théâtrale communément admise et pratiquée, le monologue relève d'un statut paradoxal de la prise de parole : parler tout haut, tout seul. Tous les théoriciens ont voulu en réduire l'usage, au nom de la vraisemblance, et ne l'admettent que s'il est passionné, et proféré sous le coup d'une émotion.
Dans L'univers du théâtre (PUF 1978) quelques unes des particularités du monologue sont ainsi exprimées : “ la principale pourrait être de donner accès à la pensée d'une “ personne ” disposant de la liberté d'expression que lui confère le fait d'être seule. C'est par convention que la parole du monologuiste est proférée ; la médiation des paroles est censée absente et le spectateur jouit d'une emprise plus directe sur le déroulement du “ monologue intérieur ”. Plus que le dialogue peut être, le monologue peut contribuer à révéler le personnage de l'intérieur, à faire mesurer la distance séparant les intentions, les tropismes, la pensée en gestation de la parole ”. Todorov le qualifie de “ projection de la forme exclamative ” (in Les registres de la parole, Journal de psychologie n° 3, 1967).
Enfin chacun note comment le dialogue fait souvent entendre un véritable dialogue, voire une polyphonie, quand le “ je ” se dédouble ou se décompose en différentes instances énonciatives, soit pour donner plus de vie à la scène, plus d'intensité dramatique au dilemme, soit pour exprimer les tourments d'un être divisé. De fait, pour Benveniste, le monologue est un dialogue intériorisé, formulé en langage intérieur entre un moi locuteur et un moi écouteur : “ Parfois, le moi locuteur est seul à parler ; le moi écouteur reste néanmoins présent ; sa présence est nécessaire et suffisante pour rendre signifiante l'énonciation du moi locuteur. Parfois aussi le moi écouteur intervient par une objection, une question, un doute, une insulte ” (article “ monologue ” du Dictionnaire du théâtre de Pavis ( Dunod, 1996).